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le triomphe de la république.

thousiasme et la grandiose manifestation qui firent de l’entrevue de Cronstadt le point de départ, pour la France, d’une ère nouvelle.

Au lendemain du jour où Guillaume ii se réjouissait de proclamer le renouvellement de la Triple Alliance, l’entente franco-russe se scellait soudain avec une simplicité et une spontanéité qui démontraient à quel point les sympathies et les intérêts des deux peuples concordaient. Un seul obstacle avait empêché le Tsar de provoquer plus tôt cette entente : ses incertitudes sur l’avenir gouvernemental de la France. Maintenant, la République avait fait ses preuves : elle s’imposait avec tous les caractères d’un gouvernement définitif ; le rapprochement était possible ; on le sentit réalisé dès que les acclamations du peuple russe eurent été sanctionnées par les démonstrations officielles et par un échange de télégrammes significatifs entre l’Empereur et le Président de la République.

L’effet produit sur la France fut considérable. C’était la paix, après comme avant ; mais au lieu d’une paix imposée et par là même dure à supporter, ce serait désormais la paix voulue, librement consentie. Ce changement devait suffire, selon l’expression de M. de Blowitz, « à ramener la bonne humeur nationale ». Aux grandes manœuvres de l’Est, qui, pour la première fois, réunirent quatre corps d’armée, M. de Freycinet parla, en chef de gouvernement, de la « situation nouvelle » faite au pays. Il y avait bien quelque chose de nouveau en Europe : c’est que la France y était rentrée. L’enthousiasme, chez nous, dépassa un peu la limite : on mêla les accords de l’hymne russe à toutes sortes de festivités, même les plus étrangères à la poli-