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le triomphe de la république.

pour l’amour-propre national. En Europe, on fut étonné et mécontent de cet accès de nervosité intempestive. On avait vu naguère un représentant du maréchal de Mac Mahon venir saluer à Metz l’empereur Guillaume ier et, plus tard, marcher derrière son cercueil une mission militaire française présidée par le général Billot, alors qu’il eût été si facile de n’envoyer personne à Metz et de se faire représenter aux funérailles impériales par une délégation civile. Le médiocre accueil réservé à l’impératrice Frédéric parut aussi inexcusable que l’insulte faite au roi d’Espagne à son retour de Berlin, en 1885.

Les chancelleries notèrent avec soin la seule conséquence intéressante de ce malencontreux incident : tout régime de détente entre la France et l’Allemagne devenait impossible : la France marquait sa volonté de demeurer isolée plutôt que de ne pas trouver, dans une alliance ferme et fraternelle avec un autre peuple, l’équivalent de ce qu’elle-même pouvait donner. Cette alliance, il restait, pour y prétendre, l’Angleterre et la Russie. En Angleterre, on avait été très frappé de la défaite du boulangisme, du succès de l’Exposition et des résultats de notre politique coloniale. La presse anglaise était unanime dans l’expression de ses sentiments admiratifs. « Les énergies nationales de la France renaissent, et l’on voit se développer simultanément son activité au point de vue intellectuel, matériel et moral, disait le Daily News : l’œuvre de la République aura été grande : elle a accompli des merveilles pour le pays. » Les Anglais, gens pratiques, furent particulièrement sensibles au service financier que nous leur rendîmes au début de 1891, à ce prêt de soixante-