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le triomphe de la république.

n’entre pas dans le cadre de cette étude d’apprécier la valeur technique de cette œuvre, mais on doit remarquer que, si l’administration de M. de Freycinet a soulevé des critiques, elle a trouvé dans l’armée même[1] ses plus chauds partisans.

C’était la première fois, depuis de longues années, que la présidence du conseil se trouvait unie au portefeuille de la guerre ; l’Europe ne s’en alarmait point : elle comprenait à merveille que le parti de la paix venait de triompher en France, et que la prospérité de la République constituait désormais une des garanties du repos général. Elle constatait en même temps, avec une surprise satisfaite, que si les choses militaires se maintenaient, en Allemagne, au premier rang des préoccupations impériales, Guillaume ii n’avait rien dit ni fait qui permit de lui attribuer des arrière-pensées belliqueuses : bien au contraire, il témoignait une sollicitude inattendue aux classes laborieuses, Les fameux rescrits du 4 février 1890 consacraient, en quelque sorte, l’importance et l’urgence de la question ouvrière et, pour en mieux préparer la solution, convoquaient à Berlin une conférence internationale. La France, invitée à y prendre part, répondit par une acceptation conçue en termes dignes et sages et empreinte de la réserve prudente qui s’imposait tant au point de vue politique qu’au point de vue social[2].

  1. À la revue de Poitiers, qui termina les grandes manœuvres de 1892, le général de Cools, dans un élan d’enthousiasme, proclama M. de Freycinet « le grand homme d’État, le grand citoyen qui a voué tous ses efforts et toute sa vie à la reconstitution de l’armée nationale ».
  2. La France envoya cinq délégués, parmi lesquels MM. Jules Simon et Burdeau.