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la crise (1885-1889).

célébrer le centenaire de 1793 en même temps que celui de 1789. Quand les fondations des palais du Champ de Mars commencèrent à sortir du sol, il fallut prendre un parti, et les chancelleries se consultèrent. Elles se mirent à peu près d’accord sur une formule très élastique qui consistait à accepter l’invitation de la France tout en ayant l’air de la refuser. L’on vit alors se former, dans les capitales étrangères, des comités qui s’occupèrent d’assurer la participation des monarchies européennes à l’Exposition de Paris ; les gouvernements qui avaient décliné la représentation officielle s’empressèrent de prêter leur appui à ces comités et de marquer par là leur bonne volonté et leur désir de coopérer au succès de l’entreprise.

On se ménageait de la sorte une porte pour entrer et sortir du Champ de Mars sans se compromettre. Tout dépendrait de l’attitude du gouvernement français, du langage de ses représentants aux approches de l’inauguration. D’ailleurs, dans certains milieux, on avait conservé l’impression qu’en choisissant la date de 1889, la République avait voulu satisfaire aux exigences des radicaux et qu’elle était résolue à trouver un prétexte pour reculer, au dernier moment, l’ouverture de l’Exposition jusqu’en 1890, la séparant ainsi du centenaire proprement dit : ce qui eût aplani toutes les difficultés. La République n’eut point cette faiblesse ; elle comprit que l’absence de quelques habits brodés n’enlèverait pas beaucoup d’éclat à son Exposition, et eut la philosophie de passer outre à la légère blessure d’amour-propre que ces abstentions officielles pouvaient lui causer[1].

  1. En France même on se préoccupait assez peu de ces questions de formes. Un petit groupe très insignifiant s’était constitué au début pour