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la crise (1885-1889).

se poursuivaient des négociations relatives aux Nouvelles-Hébrides et aux îles sous le Vent[1]. En un mot la situation paraissait en voie de se rétablir tant à l’intérieur qu’à l’extérieur : ni le vote du service de trois ans, ni l’essai de mobilisation d’un corps d’armée tenté avec succès par le général Ferron[2] n’avaient empêché nos rapports avec Berlin de s’améliorer, si bien que l’incident de Raon-sur-Plaine fut réglé rapidement à la satisfaction de la France. Enfin le conseil municipal de Paris ayant invité les autres conseils des communes de France à lui envoyer des délégués en vue de se concerter pour organiser le « véritable » centenaire de 1789, sa délibération fut annulée. Partout l’activité, le zèle, l’initiative se manifestaient ; on assistait à une véritable renaissance gouvernementale : elle coïncidait, il est vrai, avec une sorte de recul des conservateurs, lesquels s’inquiétaient que les choses n’allassent trop bien pour le ministère et que la République n’en bénéficiât en même temps que le pays[3].

Or, une circonstance imprévue vint changer soudain la face des choses, et un abîme se creusa dans lequel on put croire que la République allait s’effondrer. Le 7 octobre (1887), la mise à la retraite du général de brigade Caffarel

  1. La France y recouvrait sa liberté d’action aliénée par une convention antérieure.
  2. Le projet était dû à l’initiative de son prédécesseur. Le général Ferron présenta aussi des projets de loi importants, complétant la 6e division de cavalerie indépendante qui n’avait jamais été organisée, créant dix-huit nouveaux régiments d’infanterie territoriale, améliorant le sort des sous-officiers rengagés, etc.
  3. Le comte de Paris choisit ce moment pour lancer un manifeste à tendances césariennes. Les divergences de vues de ses conseillers se reflétaient dans l’expression de la pensée du prince, qui tour à tour vantait les bienfaits de la liberté ou du despotisme.