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la crise (1885-1889).

loin de sa pensée. Lorsqu’il partit pour Clermont-Ferrand, où il venait d’être pourvu d’un commandement de corps, la Lique des patriotes et les journaux la Lanterne, l’Intransigeant lui préparèrent une ovation tumultueuse ; la gare fut envahie ; le général se prêtait complaisamment à ces manifestations ; ses portraits étaient répandus partout avec profusion ; il mettait de l’ostentation dans ses actes les plus simples ; à la revue du 14 juillet, les Parisiens s’exercèrent à pousser le cri de : « Vive Boulanger ! » qui allait devenir le cri de ralliement de tous les mécontents. En même temps on découvrait certains désordres administratifs du précédent cabinet : à la marine, 19 millions de dépenses engagées sans crédit, — aux postes, 37 employés nommés à la dernière heure, au mépris de tous les règlements, — au commerce, des emplois créés et des traitements distribués sur les fonds de l’Exposition de 1889[1]. Les radicaux se donnaient beaucoup de mal pour faire croire à l’existence d’un pacte secret entre le ministère et la droite. Il n’y avait en réalité qu’une détente bien nécessaire au fonctionnement des rouages gouvernementaux. Les ministres, d’ailleurs, répondaient par des actes plutôt que par des paroles : par le dépôt du budget de 1888, qui contenait 129 millions de réductions et qu’on trouva simple et lumineux ; par des succès diplomatiques à Constantinople, où les énergiques instructions données à M. de Montebello amenèrent le rejet par le sultan de la convention Drummond-Wolf[2], à Madagascar, où se posait la question de l’exequatur des consuls, et en Angleterre, où

  1. André Daniel, L’Année politique, 1887.
  2. Voir plus haut le chapitre intitulé : « La Tunisie et l’Égypte. »