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de la république.

Le désastre vint, et parmi les plus pessimistes nul ne l’avait prévu si tragique et si complet. Quand la nouvelle de la capitulation de Sedan eut été communiquée par l’Impératrice au ministre de la guerre, le général de Palikao en fit part à la Chambre, non sans quelques réticences ; il y eut une séance de nuit, au cours de laquelle Jules Favre déposa, au milieu d’un silence glacial, une proposition de déchéance. La majorité de cette Chambre était dévouée à l’Empire ; la plupart des députés lui devaient leur mandat ; beaucoup l’avaient obtenu à l’aide de la candidature officielle qui, depuis si longtemps, faussait les résultats du suffrage universel. Aucune voix, néanmoins, ne s’éleva dans l’enceinte parlementaire pour défendre la dynastie et son chef. On les sentait condamnés. La fragilité des liens qui unissaient la France à l’Empire apparaissait au grand jour ; un simple contrat était intervenu entre eux ; on ne pouvait se soustraire à l’obligation de le dénoncer.

Ce fut l’indignation populaire qui proclama la République. Une foule considérable, dont l’attitude était à la fois calme et résolue, envahit le Corps législatif, s’y empara en quelque sorte des députés de l’opposition et les entraîna à l’Hôtel de ville, sans que la circulation eût été interrompue dans Paris, sans qu’on se fût opposé au départ de l’Impératrice qui, à cette heure même, quittait les Tuileries, sans une apparence quelconque de résistance de la part des fonctionnaires et des soldats. On rapporte que le préfet de la Seine, M. Alfred Blanche, voyant arriver dans son cabinet M. Gambetta, lui dit : « Je vous attendais », et se retira. Tout le 4 septembre se résume en ce mot. Depuis le matin on « attendait » la République représentée par ces