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la crise (1885-1889).

nements causèrent de l’émotion ; ils soulevèrent, en province, les plus énergiques protestations, et, sous la pression du sentiment public, le désarroi se mit parmi les fauteurs du complot. La déposition du général Brière de l’Isle, entièrement favorable au Tonkin et exonérante pour Jules Ferry, vint encore ajouter à leur embarras. D’autres témoignages furent apportés, rendant impossible à la commission de proposer l’évacuation ; elle le fit cependant, en termes très détournés ; les rapports présentés par M. Pelletau pour le Tonkin et par M. Hubbard pour Madagascar n’étaient de nature à faciliter ni la pacification de l’Indo-Chine, ni l’aboutissement des négociations avec les Hovas. Le triste débat occupa quatre séances, du 21 au 24 décembre. La droite accueillit presque par des outrages le seul de ses membres, Mgr Freppel, qui se déclara en faveur des crédits ; M. Clemenceau chercha des faux-fuyants pour présenter son plan. Le président du conseil, qui avait parlé devant la commission avec beaucoup d’énergie et de noblesse, renouvela ses déclarations ; le 24, à dix heures du soir, les crédits furent votés par 274 voix contre 270 ; l’absence de 22 députés de droite invalidés avait sauvé le Tonkin.

L’année était mauvaise pour tout le monde : à deux reprises l’Europe avait cru la guerre prochaine ; des conflits avaient failli éclater entre l’Angleterre et la Russie, entre l’Allemagne et l’Espagne ; finalement, les Serbes et les Bulgares en étaient venus aux mains ; Alphonse xii était mort, et une régence autrichienne s’établissait à Madrid. La succession hollandaise mal assurée, la constitution danoise en danger, la question d’Irlande devenant chaque jour plus