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la crise (1885-1889).

plus de différence entre l’enfant naturel et l’enfant légitime ; les fonctionnaires seront pécunairement et personnellement responsables ; les biens des congrégations seront confisqués ; on revisera tous les contrats ayant aliéné la propriété publique (mines, canaux, chemins de fer)… Il est difficile de dire ce que nos descendants penseront d’une semblable conception de la « chose publique ». Peut-être, un jour, certains de ces vœux seront-ils considérés comme raisonnables et réalisables ; mais à l’époque où ils étaient ainsi formulés, ils ne représentaient que cette niaise adoration de la logique et de l’absolu qui a, tant de fois, stérilisé les plus belles et plus solides qualités de l’esprit français.

Le centre gauche manquait, lui aussi, de direction et d’unité dans l’action. M. Ribot, dans le Pas-de-Calais, M. Francis Charmes, dans le Cantal, unis aux opportunistes et avouant franchement les quelques fautes commises, s’efforçaient de réaliser l’union des républicains ; en Seine-et-Oise, par contre, le « comité républicain libéral », dans lequel on s’étonnait de trouver MM. Barthélemy Saint-Hilaire et Léon Say, publiait un manifeste où il était parlé de « fanatisme persécuteur » et où la « République des opportunistes » était représentée comme « le déficit et le gaspillage en permanence ». Ce factum n’était pas sans analogie, dans sa violence, avec celui que soixante-seize députés sortants de la droite avaient rendu public le 2 septembre et au bas duquel dix de leurs collègues avaient refusé d’apposer leur signature.

Leurs partisans supplièrent les princes de garder le silence, afin de laisser planer sur l’avenir une indécision