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la crise (1885-1889).

teurs de bonne foi de les déposer dans l’urne sans leur avoir fait subir bon nombre de modifications. L’« Alliance républicaine » des comités radicaux et progressistes de Paris, présidée par M. Tolain, publia un manifeste dont les tendances modérées se trouvaient presque démenties par le programme qui y était accolé ; la liste des candidats patronnés par l’Alliance allait de M. Frédéric Passy à M. Lockroy, en passant par MM. Spuller, Ranc et Brisson[1]. Les radicaux de nuance plus avancée rédigèrent « le programme de la rue Cadet », où il était question de « la souveraineté absolue du suffrage universel » et des « lois de protection et d’émancipation du travail ». Néanmoins, on put constater que le Sénat et la présidence de la République ne figuraient plus parmi les institutions à supprimer. Le danger pressenti assagissait les moins sages, sauf, bien entendu, ceux qui considèrent l’intransigeance absolue non seulement comme le plus saint des devoirs, mais comme la base de toute politique féconde. Ceux-là, réunis en « Comité central des groupes républicains radicaux socialistes de la Seine », publièrent un programme « précis ». On peut juger, en effet, de sa précision par le résumé suivant : Il n’y aura plus ni Sénat, ni président, ni ministres, mais de simples fonctionnaires nommés par l’Assemblée unique et toujours révocables par elle. La commune sera autonome, — la magistrature élective, — l’instruction intégrale, — l’impôt progressif ; il n’y aura plus de budget des cultes, plus de peine de mort, plus d’armées permanentes, plus d’hérédité en ligne collatérale,

  1. Voir, pour les détails des candidatures électorales, l’Année politique, d’André Daniel, pour 1885.