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la france coloniale.

(58) qu’avec Haïti (63 millions), moins avec les Indes néerlandaises (environ 23 millions) qu’avec Saint-Pierre et Miquelon (33). Ces chiffres sont concluants ; ils prouvent que, d’une part, le commerce français supporte mal la concurrence et que, d’autre part, il est inhabile à s’ouvrir des débouchés nouveaux, ou à profiter de ceux qui se forment hors de sa portée immédiate. Les armateurs français ne semblent pas non plus s’apercevoir de l’augmentation du trafic maritime. Deux lignes allemandes et sept lignes anglaises avec 226 steamers représentant 530,232 tonnes sillonnent les mers de Chine et du Japon, où la France n’est représentée que par une compagnie subventionnée ; il n’existe pas un seul service de cargo-boats français entre nos principaux ports et l’Extrême-Orient.

Au cours de son voyage autour du monde, M. Ernest Michel a eu avec un ingénieur français, M. Bonjean, à la filature de coton de la Pétropolitana, un intéressant entretien qu’il a résumé en ces termes[1] : « Les machines françaises, me dit M. Bonjean, sont plus chères, mais la fabrication est meilleure et, à la longue, elles procurent encore une économie ; mais il est difficile de traiter avec les maisons françaises, car elles sont lentes ou chicaneuses et, en tout cas, elles manquent d’esprit pratique. Vous voyez ces dessins : ils représentent les machines montées et les machines démontées avec les numéros d’ordre à chaque pièce. Si j’ai besoin d’une pièce de rechange, je n’ai qu’à écrire à Manchester en indiquant simplement le numéro, et la pièce m’arrive par le premier navire :

  1. À travers l’hémisphère sud, par Ernest Michel. 1 vol. Paris, 1887