vaisseau Garnier ; Garnier avait avec lui deux canonnières et cent soixante-quinze hommes ; l’attitude hostile des mandarins l’amena à prendre Hanoï, puis à occuper tout le Delta. Les Annamites alors appelèrent à l’aide les Pavillons noirs, débris des bandes chinoises des Taï-Pings, et dans une attaque de la citadelle d’Hanoï, Garnier fut tué.
L’amiral Dupré était un de ces enthousiastes que le Tonkin a séduits et conquis si complètement. Il écrivait au ministre de la marine le 28 juillet 1873. « Je suis prêt, s’il reste un doute dans votre esprit et dans celui du gouvernement, à assumer toute la responsabilité des conséquences de l’expédition que je projette, à m’exposer à un désaveu, à un rappel, à la perte d’un grade auquel je crois avoir quelques droits. Je ne demande ni approbation, ni renforts : je vous demande de me laisser faire, sauf à me désavouer, si les résultats que j’obtiens ne sont pas ceux que je vous ai fait entrevoir. » Mais le cabinet que présidait le duc de Broglie était peu colonial ; on résolut d’évacuer Hanoï et le Delta et d’accepter la convention dite de 1874 qui établissait un protectorat incomplet et mal défini et entretenait des germes de conflit pour l’avenir[1]. Les résultats de cette convention ont condamné définitivement la politique qui l’avait dictée. Une intervention énergique eût évité bien
- ↑ Le Président de la République reconnaissait la souveraineté de l’empereur d’Annam et son entière indépendance vis-à-vis de toute puissance étrangère et s’engageait à lui donner, en cas de besoin, secours et appui. L’Empereur s’engageait en retour à conformer sa politique extérieure à celle de la France et à ne jamais signer de traités politiques sans en avoir préalablement informé le gouvernement français : diverses clauses de détail dont certaines étaient avantageuses pour le commerce complétaient ce traité, mais sans rectifier le caractère vague et confus des clauses principales.