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la france coloniale.

compris entre ce fleuve et le Gabon ; du Chaillu, Walker, de Compiègne et Marche avaient parcouru le pays. De France, les encouragements leur manquaient ; on ne savait pas ce qu’ils allaient faire « là-bas ». On les suivait peu.

Bien différent est l’aspect de ces mêmes régions, vingt ans plus tard. Derrière le Sénégal un vaste empire est en formation qui se joindra, d’une part, à l’Algérie, et de l’autre au Congo français. C’est en 1879, par la création du poste avancé de Bafoulabé, que cette œuvre gigantesque a pris naissance ; de 1881 à 1887, sous le colonel Borgnis-Desbordes et le commandant Combes, l’œuvre de pénétration s’est poursuivie avec vigueur par la fondation des portes de Badumbé, de Kita, de Bammako, de Koundou, de Niagassola : en 1888, on a atteint Kanani, le port de Tombouctou[1] ; puis le lieuterant-colonel Galliéni et le commandant Archinard ont étendu notre influence jusqu’aux sources du Niger et placé sous notre protectorat les États d’Ahmadou et de Samory. Le Dahomey est entre nos mains. La brillante expédition du général Dodds (1892) s’est terminée par la prise d’Abomey et le renversement d’une dynastie dont le nom seul inspirait la terreur dans la boucle du Niger. Enfin le Congo français s’est, grâce aux efforts de M. de Brazza et de ses collaborateurs, largement développé ; nous y avons acquis, par une série de traités, un grand nombre de territoires hors des limites primitives. Mais alors sont nées les contestations avec les puissances européennes devenues nos voisines. Notre nouvel empire enclave la Guinée portugaise, les comptoirs

  1. Le colonel Bonnier est entré à Tombouctou en 1894.