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la france coloniale.

nous restitue le Sénégal et Tabago. C’est l’époque Beniowski, en faisant à Madagascar ses célèbres essais de colonisation, prépare les voies à notre action future et où l’évêque Pigneau de Behaine négocie, entre Louis xvi et l’empereur Gia-Long, ce singulier traité qui — bien qu’inexécuté — a servi de point de départ à notre établissement en Indo-Chine. L’existence légale des colonies commence en 1792 ; l’Assemblée législative leur accorde le droit de représentation au Parlement. Aussi l’île de France et la Réunion prennent-elles part de bon cœur au grand soulèvement national ; elles organisent une vigoureuse résistance contre les Anglais tandis que Victor Hugues, envoyé aux Antilles par la Convention, parvient à les chasser de la Guadeloupe et de Sainte-Lucie. Napoléon eut-il quelques arrière-pensées coloniales ? En tous les cas, le temps et les forces lui eussent manqué pour s’y appliquer ; pour la seconde fois la politique d’expansion périssait écrasée par la politique continentale ; le traité de Paris de 1814, comme le traité de Paris de 1763, ne laissait de la France extérieure que des ruines. Si les circonstances permettaient de reprendre une troisième fois l’œuvre lointaine, la nation et ses gouvernants sauraient-ils profiter de la leçon, choisir nettement entre l’un et l’autre parti, vouloir d’un vouloir ferme cette paix européenne indispensable à toute entreprise d’expansion coloniale ? Tel était le problème dont le passé avait fixé les termes. Ce passé, il n’était pas inutile de le parcourir du regard et d’en rappeler ici les principales péripéties. Nos colonies constituent l’un des plus puissants liens qui unissent la France d’hier à celle d’aujourd’hui. En travaillant à les rendre grandes et prospères