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le ministère jules ferry.

tion et de l’éducation les fortes assises de la République.

« Le gouvernement, disait-il, doit être un fanal qui éclaire et qui guide, et non une sorte de crépuscule où viennent se fondre toutes les opinions. » Mais son autoritarisme restait parlementaire toujours et libéral. « Je ne puis supporter cette idée, s’écriait-il au Cercle national le 9 mars 1883, que la démocratie française ne pourrait tolérer l’organisation parlementaire. Quoi ! il est avoué par tout le monde que le gouvernement parlementaire est le plus noble, le plus généreux, le plus favorable à la liberté. C’est la lutte quotidienne, lutte pacifique qui dispense le peuple des batailles de la rue ; c’est la réforme étudiée et progressive… c’est l’autorité constamment contrôlée, c’est le gouvernement fondé sur la plus large publicité. Le suffrage universel, la démocratie seraient incompatibles avec cet idéal ? En prétendant cela, messieurs, on fait injure à la démocratie et au suffrage universel. »

Avant de suivre les péripéties de la crise qu’ouvrit pour le pays la chute du ministère Ferry, nous jetterons un coup d’œil sur l’ensemble de la politique coloniale, sur cette vaste entreprise dont la France paraît avoir enfin compris l’utilité et à la poursuite de laquelle il semble qu’elle soit en voie de s’attacher passionnément. Pour la réaliser, la paix continentale était nécessaire. Jules Ferry, comme tous les esprits clairvoyants, considérait le maintien de la paix comme la première condition de l’avenir. Il se rendait compte qu’une guerre, même victorieuse, eût été le cran d’arrêt mis à ce gigantesque labeur de la France, refaisant son outillage et relevant sa fortune. Or, il ne comprenait, entre la France et l’Allemagne, d’autre état que la paix ou