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avant-propos.

les seules qui soient sûres de ne pas mourir[1] ». Ils étaient modérés et n’admettaient pas, en ce qui concerne la Révolution, cette théorie du « bloc » qui a été impétueusement formulée depuis. Ils répudiaient la « religion jarobine » et en dénonçaient les points de contact nombreux avec la « religion bonapartiste ». Se souvenant que « les jacobins furent les meilleurs préfets de l’Empire », ils repoussaient de toutes leurs forces « cette dévotion étroite et malsaine pour les hommes de la Terreur[2] qui devenait à la mode parmi les autoritaires.

Et surtout ils travaillaient. Dans les deux camps on trouvait des esprits distingués ; dans un seul, le travail était vraiment en honneur. L’autre s’adonnait au plaisir et au repos ; on n’y cherchait le progrès que dans la mesure qui ajoute à l’agrément de la vie.

Quand sonna l’heure fatale pour le régime impérial, la République avait son personnel tout prêt ; la nation l’ignorait ; parmi les hommes, elle n’apercevait tout d’abord que les radicaux et les démagogues ; parmi les doctrines, elle ne notait que les plus extrêmes, les plus violentes ; aussi ne s’abandonna-t-elle pas tout de suite ; elle exigea des sacrifices d’idées, des preuves de sens politique ; elle voulut étre rassurée.

Aucun autre parti ne s’était préparé à recueillir

  1. Jules Ferry, Discours et Opinions, t. ier.
  2. Id., ibid.