Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée
157
le ministère jules ferry.

folle et la plus criminelle des entreprises », et, bien qu’un télégramme nouveau eût sensiblement atténué la portée du précédent, 259 voix seulement, contre 209, se prononcèrent pour l’ordre du jour pur et simple ; la majorité s’émiettait. Le 28 mars arriva la nouvelle de l’évacuation de Langson, corrigée de même, le lendemain, par un télégramme plus rassurant. Mais une panique folle s’était emparée des députés. Le gouvernement décida de demander au Parlement 200 millions et d’envoyer au Tonkin dix mille hommes pris dans le contingent algérien ou recrutés par voie d’engagements volontaires. Les groupes se con- certèrent ; le manque de sang-froid était général. On eut l’étonnante idée de demander au président du conseil de démissionner avant la séance, en manière d’amende honorable. Les présidents de l’Union républicaine et de l’Union démocratique qui firent, auprès de lui, une démarche en ce sens, furent mal reçus. Jules Ferry entendait paraître, la tête haute, devant l’Assemblée. Le 30 mars, en effet, il déposa la demande de crédits et prononça les paroles suivantes : « Pour ne mêler à un débat qui doit demeurer exclusivement patriotique et national, aucune considération d’ordre secondaire, pour réunir dans un effort commun tous ceux qui, sur quelque banc qu’ils siègent et à quelque opinion qu’ils appartiennent, font passer avant toute chose la grandeur du pays et l’honneur du drapeau, nous vous déclarons que nous ne considérons nullement le vote des crédits comme un vote de confiance, et que si la politique énergique à laquelle nous vous convions est agréée par vous, en principe, vous pourrez déterminer librement, par un vote ultérieur, à quelles