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le ministère jules ferry.

gouverner et en possédait les moyens ; sur toutes choses il avait un avis à donner, et nul débat ne lui semblait redoutable. La loi suspendant l’inamovibilité de la magistrature, les lois sur les syndicats professionnels, sur les récidivistes, sur l’élection des juges consulaires, sur la liberté des funérailles, sur la création de l’artillerie de forteresse, sur la protection de l’enfance donnèrent lieu à des discussions approfondies et brillantes. Quelques évêques ayant censuré et proscrit les manuels d’éducation civique approuvés par l’Université, Jules Ferry en prit occasion pour exposer sa politique ecclésiastique qui demeurait, bien qu’avec moins d’ardeur qu’au temps de son premier ministère, respectueuse de la religion, mais nettement anticléricale. Le conseil d’État, consulté sur la légitimité de la suspension des traitements épiscopaux, en cas de rébellion contre l’État, émit un avis affirmatif, et M. Martin-Feuillée, ministre de la justice et des cultes, appelé à intervenir dans la discussion ouverte devant le Parlement, le fit en termes qui ne laissaient aucun doute sur le souci du gouvernement de ne pas permettre qu’on empiétât sur le pouvoir civil[1].

Les problèmes financiers s’imposaient à l’attention des gouvernants. Il n’était plus possible de réaliser le programme que M. Léon Say, ministre des finances dans le cabinet Freycinet, avait rédigé en trois mots : ni conversion, ni émission, ni rachat. La conversion du 5 pour 100 en 4 et demi s’imposait. À cette occasion Jules Ferry pro-

  1. Il est à remarquer que le langage de M. Martin-Feuillée, en cette circonstance, ne diffère guère de celui que tinrent, plus tard, en des circonstances analogues. M. Ribot et M. Casimir-Périer : la théorie gouvernementale, à ce sujet, est demeurée sensiblement la même.