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le ministère jules ferry.

la bonne volonté du nouveau président du conseil et de ses collaborateurs ne purent venir à bout d’une situation sans issue. La commission du budget était dans le désarroi : le budget de M. Allain-Targé, modifié de fond en comble par M. Léon Say, fut refait laborieusement par M. Tirard. On avait devant soi l’extrême gauche qui continuait d’entretenir dans l’opinion de dangereuses erreurs, réclamant la séparation de l’Église et de l’État et la suppression du Sénat. Ces exagérations rendaient quelque espoir aux réactionnaires : il y eut des manifestations royalistes en province, voire même quelques appels à la guerre civile, tandis qu’éclatait à Montceau-les-Mines la première cartouche de dynamite. L’année 1883 débuta d’une manière inquiétante. La mort de Gambetta jeta la consternation parmi les républicains de gouvernement ; en même temps elle tranchait les seuls liens qui rattachaient à la République certains conservateurs qu’avaient séduits l’énergie du défunt et l’ampleur de sa parole. Le prince Napoléon publia un manifeste auquel on attribua maladroitement une portée qu’il n’avait pas[1]. Enfin M. Duclerc tomba malade et dut se retirer, bientôt suivi du général Billot et de l’amiral Jauréguiberry. M. Fallières exerça la présidence du conseil sans même compléter le cabinet, tant on sentait le caractère précaire du groupement ministériel.

De tous côtés se manifestait le désir de sortir du provi-

  1. Ce manifeste apposé pendant la nuit sur les murs de Paris et signé : Napoléon, n’était qu’un long réquisitoire contre la République terminé par un appel au peuple. Quelques radicaux affectèrent d’en être vivement alarmés et s’employérent à soulever la « question des princes ». — Le 9 février, la Chambre des mises en accusation déclara qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre le prince Jérôme Napoléon.