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la tunisie et l’égypte.

pêcha le développement des libertés locales et surtout des libertés individuelles[1] ». Mais son patriotisme dominait tout ; il constituait une garantie suprême contre toute ambition mauvaise, contre tout dessein qui ne fût pas droit et honnête. L’homme qui avait sacrifié ses idées et ses préférences en maintes occasions pour faire à la République une base plus solide et plus large, ne devait point être soupçonné d’aspirer à la dictature ; seulement il fallait comprendre que l’habit des autres premiers ministres n’était pas fait pour lui et lui permettre de s’en tailler un à sa mesure.

Il quitta le ministère sans avoir pu agir et pour n’y jamais revenir. La mort le saisit la dernière nuit de cette année 1882, si décevante pour la France. On lui fit d’incomparables funérailles. Son dernier discours avait roulé sur les affaires d’Égypte et lui avait été inspiré par son ardent patriotisme. Il n’avait point gouverné, mais, comme l’a dit M. de Pressensé, « il avait eu l’honneur de faire parler deux ou trois fois l’âme de la France par sa bouche[2] ». C’est un honneur qui surpasse tous les autres.

  1. E. de Pressensé. Variétés morales et politiques. Gambetta. 1 vol. Paris, 1886.
  2. id.