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la tunisie et l’égypte.

Il se forma le 14 novembre 1881. Gambetta avait choisi pour ses collaborateurs le général Campenon, MM. Allain-Targé, Waldeck-Rousseau, Rouvier, Raynal, Antonin Proust, Cazot, Paul Bert, Gougeard (marine), Devès et Cochery. Pour la première fois, on avait, comme par une leçon de choses, la notion de la solidarité d’un cabinet : celui-ci était homogène. On en attendit de grandes choses. Le Times le salua en disant qu’« il ferait époque dans l’histoire européenne ». Or, il n’en fut rien. La majorité se montra jalouse de son œuvre ; elle n’admettait pas ce qu’elle devait réclamer onze ans plus tard de M. Casimir-Périer, à savoir que le premier ministre eût une politique à lui et l’appliquât ; elle confondait cette prépondérance du chef du gouvernement avec la dictature et semblait craindre que l’une ne conduisit à l’autre ; de sorte qu’après avoir passé cinq ans à pousser un homme au pouvoir, elle le renversa au bout de deux mois pour ensuite accorder à son successeur ce qu’elle lui refusait à lui-même.

Les mœurs politiques n’étaient point assez faites pour permettre à Gamhetta de gouverner comme pouvait gouverner un homme de son envergure, c’est-à-dire en premier ministre autoritaire. Autoritaire, il l’était par tempérament ; il l’avait prouvé en 1870 et il continuait de « pencher du côté de cette centralisation que tous nos gouvernements se sont fidèlement transmise et qui em-

    d’un républicain. M. Bansart des Bois. Ayant eu moins de voix au premier tour, il se désista au second, en faveur de son concurrent républicain, par un sentiment correct de discipline électorale. Il est à remarquer que le langage de M. Dugué de la Fauconnerie en 1881 se retrouvera en 1887 sur les lèvres de M. Raoul-Duval et en 1891 sur celles de M. Piou.