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la tunisie et l’égypte.

la pensée de tous, en sorte « qu’on entendait vraiment en lui l’écho de la conscience nationale[1] ». À Cahors, le 28 mai 1881, il avait de nouveau pris la défense du Sénat menacé par les intransigeante : il le voyait, disait-il, « grandir à chaque renouvellement, en force démocratique et libérale », et il ajoutait ces mots prophétiques : « Peut-être s’habituera-t-on à y trouver de suprêmes ressources que vous serez heureux d’avoir. » Si à Tours, le 4 août, et à Belleville, il s’était prononcé en faveur d’une révision partielle de la Constitution, c’est qu’il avait jugé utile, en sacrifiant du texte constitutionnel quelques articles de moindre importance, d’en faire consacrer à nouveau l’ensemble par une assemblée dont la majorité fût, cette fois, nettement républicaine[2]. Gambetta était, à cette date, aussi conservateur que le pouvait être un républicain ; un courant de modération soufflait sur le pays ; dans les desiderata des électeurs, la modération des solutions allait de pair avec la stabilité républicaine[3]. Tout était donc prêt pour la formation du « grand ministère ». On l’appelait ainsi avant qu’il fût né.

  1. Hippeau, Histoire diplomatique de la troisième République.
  2. C’est dans le même sentiment et afin que le parti républicain se présentât bien uni devant les électeurs que Jules Ferry, à Nancy, le 10 août, avait aussi accepté le principe d’une révision partielle.
  3. Cette tendance s’était manifestée aux élections municipales de Paris en janvier 1881 plus encore qu’aux élections législatives d’automne. M. Édouard Hervé, l’un des élus de janvier, esquissa un mouvement de trêve, sinon de ralliement. M. Dugué de la Fauconnerie s’était, lui, ouvertement rallié (voir sa lettre à ses électeurs dans la France du 23 janvier). « L’armée d’un parti monarchique, dit-il, est composée de petits fonctionnaires qui ne peuvent pas s’exposer chaque jour à la destitution et d’hommes de travail qui ont besoin, pour vivre, que les affaires marchent… Nous n’avons plus qu’un rôle à la fois digne et utile : c’est de nous placer franchement sur le terrain des faits accomplis. » À la réélection qui suivit sa démission, il se trouva en présence d’un royaliste, le comte de Levis, et