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la tunisie et l’égypte.

Gambetta, lui, n’écouta que la voix du patriotisme ; il défendit le gouvernement et obtint 355 voix contre 68 et 124 abstentions pour un ordre du jour ainsi conçu : « La Chambre, résolue à l’exécution intégrale du traité souscrit par la nation française le 12 mai 1881, passe à l’ordre du jour. » Ce triomphe le désignait plus clairement encore au choix du chef de l’État. Jules Ferry le comprit et se retira[1].

L’affaire de Tunisie eut pour épilogue le procès Roustan. Nous avons vu comment « les attaques de l’Intransigeant étaient devenues plus violentes à mesure que la situation se compliquait[2] ». Bientôt Rochefort ne se borna plus à attaquer les ministres ; il prit à partie M. Roustan, qu’il appelait « leur associé, leur complice ». À la fin de septembre, l’Intransigeant annonça en grande pompe qu’il avait « découvert le pot aux roses tunisien » et commença ses révélations. Pour mieux agir sur le public, il le prévint que le secret en avait été livré au journal par « un diplomate ». Il se gardait bien de le nommer. Ce fut plus tard que l’on apprit de qui il s’agissait, « d’un ancien secrétaire du bey, Mohammed-Arif-Effendi, mort trois ans avant l’expédition et qu’on pouvait exhumer sans risque[3] ».

Le gouvernement, perdant patience, invita M. Roustan à poursuivre l’Intransigeant. On expérimenta, dans ce procès, la nouvelle loi sur la presse dont l’article 45 enlevait au tribunal correctionnel, pour en investir le jury, le jugement des délits d’injure et de diffamation contre un

  1. Le cabinet Jules Ferry était au pouvoir depuis le 18 septembre 1880.
  2. La politique française en Tunisie, par le baron d’Estournelles de Constant.
  3. Id.