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la tunisie et l’égypte.

principal intérêt était dans la façon dont fonctionneraient, à cette occasion, les nouveaux rouages politiques et militaires de la République française. C’était précisément là le motif de l’inquiétude ressentie par les membres du Cabinet. La question de la guerre ou de la paix est une des plus délicates qui se puissent poser sous un régime parlementaire. Il est difficile, en effet, de trouver dans un Parlement assez de patriotisme et d’abnégation pour que les intérêts de parti se taisent absolument (à moins, bien entendu, qu’il ne s’agisse d’une lutte vraiment nationale, pour la défense du sol de la patrie). D’autre part, les choses de la guerre nécessitent une action prompte, secrète, des décisions qui ne peuvent pas être le fait d’une assemblée nombreuse : les députés se trouvent appelés à donner ou à refuser leur approbation aux actes du gouvernement, et la liberté de leur vote est entravée par ce seul fait. L’approbation enchaîne leur responsabilité d’une façon qui peut être contraire à leur conscience ; la désapprobation risque d’accroître les forces de l’ennemi en diminuant celles de leur propre pays. Une forte minorité se prononçant contre un crédit de guerre sème la défiance dans les rangs de l’armée nationale, tandis que l’adversaire se trouve par là même encouragé à la résistance. De tels inconvénients ne sont évitables que si un sentiment supérieur aux partis domine l’Assemblée ; tel eût été le cas, en France, s’il se fût agi de l’Allemagne ; tel ne pouvait être le cas du moment qu’il s’agissait de la Tunisie.

Le traité dont le gouvernement soumit les termes aux Chambres était difficilement critiquable ; il consacrait des résultats importants acquis sans grand effort ; la politique