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la tunisie et l’égypte.

armes. L’institution de la commission financière internationale, qui avait paru devoir lui porter préjudice, la préserva au contraire de la perte de son influence ; le statu quo se trouva maintenu par le seul fait du caractère international qu’avait revêtu le contrôle des finances tunisiennes, et quand, après la guerre, l’Italie, jugeant le moment favorable, menaça d’une intervention armée, l’Angleterre estima que les choses avaient changé de face et qu’il était peut-être plus urgent d’empêcher les empiétements de l’Italie triomphante que ceux de la France vaincue. Elle s’interposa donc. Elle entrevoyait, du reste, la possibilité d’acquisitions préférables, et cette perspective dispose ses délégués au Congrès de Berlin à accueillir avec bienveillance les ouvertures de M. Waddington. Peu après, M. Wood fut rappelé ; se sentant joué, le gouvernement italien envoya à Tunis M. Maccio et lui donna pour instructions de chercher à regagner le terrain perdu. Il y trouva M. Roustan qui, depuis 1875, représentait la France et lui préparait les voies.

La conquête s’imposa bientôt comme une nécessité urgente ; les années 1880 et 1881 se passèrent en pleine anarchie ; il y avait à la fois impuissance et mauvais vouloir de la part du Bey et de ses ministres ; les Kroumirs révoltés faisaient de fréquentes incursions ; tout présageait un prochain réveil du fanatisme musulman coïncidant avec une marche en avant du parti panislamique ; de sanglants épisodes, tels que le massacre de la colonne Flatters, indiquaient le danger qu’il y aurait de la part des Français à se laisser surprendre : une intervention prompte et décisive pouvait épargner bien des maux dans l’avenir. Éclairé sur