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avant-propos.

son avènement. Pendant tout son règne, Louis-Philippe travaille à devenir roi ; il y parvient presque, par sa sagesse et son habileté, mais l’origine de son pouvoir pose sur lui ; sa dynastie ne prend pas racine dans le sol national. Le trône de Juillet est à la merci du moindre orage, on pourrait presque dire de la moindre ondée.

En ces temps-là, la marche en avant de la démocratie apparaissait nettement à certains esprits d’élite comme un fait providentiel, universel, durable. « Une grande révolution démocratique s’opère parmi nous, écrivait Alexis de Tocqueville[1] ; les uns la considèrent comme une chose nouvelle, et, la prenant pour un accident, ils espèrent pouvoir encore l’arrêter, tandis que d’autres la jugent irrésistible, parce qu’elle leur semble le fait le plus continu, le plus ancien et le plus permanent que l’on connaisse dans l’histoire. » — Et, ailleurs[2] : « Pour qui cette étude (sur la démocratie américaine) serait-elle intéressante et profitable, si ce n’était pour nous, qu’un mouvement irrésistible entraîne chaque jour et qui marchons en aveugles, peut-être vers le despotisme, peut-être vers la République, mais à coup sûr vers un état social démocratique ? »

Cette hésitation entre la République et le despo-

  1. De la démocratie en Amérique. (Introduction.)
  2. Id., t. ii.