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l’alerte de 1875

formation de la Triple Alliance. Quelques années plus tard, l’existence de cette Ligue antirépublicaine fut proclamée indiscrètement à Montecitorio par le ministre des affaires étrangères d’Italie, M. Mancini ; le fait de sa formation avait ému les cercles politiques ; on s’en était occupé à Budapest et à Westminster, et finalement le duc de Broglie avait interrogé M. Challemel-Lacour qui présidait alors à nos relations extérieures. La réponse du ministre fut pleine de finesse et d’aménité en même temps que de fierté pacifique ; il termina son discours par ces mots : « Une nation comme la notre, un pays comme la France, qui a été vaincu et qui se relève, un pays qui trouve dans son énergie, dans sa volonté, dans son travail, dans son indomptable espérance, de quoi se maintenir debout, au rang que les siècles lui ont assigné, un pays qui au sortir de crises multipliées et terribles se reconstitue résolument et qui, ayant épuisé les formes diverses de la monarchie, se reconstitue sur des bases conformes à son génie et à ses besoins, mais nouvelles au sein de l’Europe monarchique, un pays que sa position géographique condamne à entretenir à grands frais une force défensive considérable, à qui la nature des choses elle-même impose l’obligation d’être, lui aussi, toujours en vedette et qui est entouré d’États jeunes, par conséquent ambitieux et ombrageux, un tel pays ne peut pas s’étonner s’il y a, dans le monde, à son égard, des dispositions variées : il aurait grand tort de vouloir l’ignorer, et il y aurait danger pour lui à s’y méprendre. Mais, Messieurs, ces dispositions, elles peuvent changer, et nous espérons qu’elles changeront. Oui, nous avons la ferme confiance qu’elles se modifieront