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l’alerte de 1875

constellation des grandes puissances ; on allait le voir négocier avec Léon xiii et ordonner à ses représentants à Constantinople une marche parallèle avec la diplomatie française.

L’Angleterre subissait une crise salutaire ; la « politique impériale » de lord Beaconsfield achevait ses ravages ; la guerre était engagée dans l’Inde et au sud de l’Afrique ; les Afghans et les Zoulous ne paraissaient pas disposés à cesser une lutte qui tournait à leur avantage ; en Birmanie, il y avait des meurtres à venger. La situation était très grave en Irlande, et les relations avec la Russie plus tendues que jamais. Il fallut quelque courage à M. Gladstone pour reprendre le pouvoir dans de semblables conditions. Soutenu par le bon sens des masses, il rendit la liberté au Transvaal, évacua l’Afghanistan et se rapprocha de la Russie (1881).

L’Empire des Tsars traversait, lui aussi, une période troublée : complots nihilistes, attentats contre les hauts fonctionnaires, troubles sanglants, manifestations d’étudiants s’y succédaient tragiquement. Le vieux parti bureaucmtique, dur, policier, plein d’abus, sans justice, était parvenu en 1863 à arrêter l’essor réformateur des premières années du règne d’Alexandre ii, et, depuis lors, il dominait. Et, d’autre part, c’était, en Asie, une continuelle marche en avant des généraux russes, dépassant leurs instructions et engageant l’action du gouvernement sans trop engager sa responsabilité devant l’Europe[1]. Quant à l’Italie, elle ne rapportait du Congrès de Berlin que des regrets jaloux.

  1. C’était ainsi que le général Tchernaïef avait pris Tachkend ; que Samarcande avait été annexée ; que Skobeleff avait conquis le Khokand ; qu’en 1871, le général Kolpakof avait occupé Kouldja juste comme son