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et le congrès de berlin.

parlemenlaire et réunit un « Haut Conseil » auquel elle soumit gravement les propositions des plénipotentiaires européens assemblés en conférence sur les rives du Bosphore[1]. Bien entendu, le Haut Conseil les repoussa. La Porte comptait sur le temps et sur le hasard pour la tirer d’embarras. Mais quelque pacifiques que fussent les intentions de l’empereur de Russie, il ne pouvait laisser écraser la Serbie, cette « avant-garde du monde slave », ni massacrer les chrétiens de Bulgarie sans venir à leur secours. Le 1er  février 1877, le prince Gortchakow publia une circulaire diplomatique dans laquelle se trouvaient résumées les négociations qui venaient d’avoir lieu et qui avaient abouti à un échec : la Russie demandait à l’Europe le mandat d’agir en son nom. Un protocole signé à Londres le 31 mars fut adressé à la Turquie ; c’était une sorte d’ultimatum auquel, à Constantinople, on opposa une fin de non-recevoir. Toutes les tentatives de conciliation étant épuisées, le Tsar déclara la guerre le 22 avril.

Il n’y a pas lieu de résumer ici les péripéties de la guerre turco-russe ; elle prouva que l’Empire ottoman — l’homme malade, comme on le nommait dans les chancelleries — avait encore à sa disposition des réserves merveilleuses de force et de valeur militaires. Le siège de Plevna, les noms de Skobeleff et d’Osman-Pacha dominent glorieusement cette période sanglante.

L’Europe en avait suivi avec angoisse les phases successives ; elle ne fut rassurée que lorsqu’il devint évident que le conflit ne s’étendrait pas. L’odeur de la poudre la faisait

  1. La conférence s’ouvrit le 23 décembre 1876 et siégea jusqu’au 20 janvier 1877.