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et le congrès de berlin.

Le chancelier, à certains moments, semblait ne plus se posséder ; on eût dit que des bouffées de colère lui enlevaient son habituelle lucidité d’esprit. Si l’on en croit un propos confidentiel échangé en mars 1875 entre le comte de Munster, ambassadeur d’Allemagne à Londres, et le comte de Jarnac, notre représentant, ce serait « aux nerfs de M. de Bismarck » qu’il faudrait attribuer les inquiétudes et les agitations de cette période. La chose ne paraît pas invraisemblable à qui se rappelle les tentatives d’intimidation dirigées contre la Belgique à la suite d’un puéril incident[1], la sommation à l’Italie d’avoir à modifier la loi des garanties[2], à cause d’un bref de Pie ix qui avait déplu à Berlin, la répression folle qui suivit l’attentat de Kissingen, les poursuites contre le directeur de la Germania, contre l’évêque de Nancy et les trente-six prêtres coupables d’avoir lu, en chaire, sa lettre pastorale[3]. Mais ce fut après le vote par l’Assemblée nationale de la loi des cadres (12 mars 1875) que les événements parurent sur le point de se précipiter. Les récriminations, les querelles d’armements se multiplièrent sans motif, et une campagne de presse, d’une violence inouïe, s’engagea à Berlin ; les journaux évidemment obéissaient à un mot

    s’employait à le faire reconnaître en Europe. C’est sous l’inspiration de l’Allemagne que le maréchal souleva des incidents de frontière et adressa des réclamations à la France au sujet de la protection accordée aux réfugiés carlistes. Le duc Decazes sut apaiser le différend, et bientôt après la Restauration alphonsiste vint changer la face des choses.

  1. Un chaudronnier belge avait écrit à l’archevêque de Paris lui offrant d’assassiner M. de Bismarck, moyennant finances.
  2. La loi des garanties règle les rapports du gouvernement italien avec le Saint-Siège.
  3. La France et le Saint-Siège n’avaient pas encore procédé à la nouvelle délimitation des diocèses démembrés par l’annexion.