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et le congrès de berlin.

par le renom de sympathie pour la France qui a précédé le prince, ni par les déclarations de M. de Rémusat, mais de regarder et de traiter, bien au contraire, le prince Orloff en toute confiance comme un ami sûr de l’Allemagne. Le connaissant depuis de longues années, je ne puis partager la crainte que les adulations qui l’entoureront probablement à Paris n’amènent un changement dans ses sentiments. Le sentiment national russe est très fort chez lui, ce qui l’oblige à entretenir de bons rapports avec nous[1]. » Le 12 mai, il déclare que « le parti de l’empire bonapartiste est probablement celui avec l’aide duquel on pourrait se flatter le plus raisonnablement d’établir des rapports tolérables entre la France et l’Allemagne[2] ». La dépêche du 20 décembre suivant est une des plus instructives. On voit que le chancelier souhaite le maintien de M. Thiers jusqu’à ce que le traité de Francfort ait été exécuté. Il redoute déjà d’avoir « à tirer l’épée de nouveau », et ses préférences paraissent maintenant tournées vers la République. Il craint, si la royauté est rétablie, d’être forcé par d’autres cabinets européens « de favoriser le développement du germe monarchique en faisant à la monarchie des concessions qu’on aurait refusées à la République ». De plus, la monarchie rendrait la France « capable de conclure des alliances ». Quant à la propagande républicaine, le chancelier raille agréablement M. d’Arnim sur son effroi à ce sujet : « Si la France, dit-il, représentait devant l’Europe un second acte du drame ininterrompu de

  1. Hippeau, Histoire diplomatique de la troisième République.
  2. Napoléon iii vivait encore à cette date. Il ne mourut que le 9 janvier 1873.