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et le congrès de berlin.

L’Europe se réunit à Londres, mais ce fut pour y reviser ce traité de 1856, imposé par nous à la Russie quinze ans plus tôt, et qui posait maintenant dans la balance de notre destin. Plutôt que de songer à venir en aide à la France, le prince Gortchakow faisait, après tout, son devoir de Russe en profitant des circonstances pour libérer sa patrie des entraves mises à ses ambitions. La conférence de Londres s’ouvrit le 17 janvier 1871 ; M. de Bismarck inventait les procédés les plus mesquins pour empêcher Jules Favre de sortir de Paris, et il semblait se réjouir à l’idée que la signature de la France ne figurerait pas au bas de l’acte de revision du traité de 1856. La conférence eut raison de sa résistance ; elle s’ajourna à plusieurs reprises, marquant sa volonté formelle de voir un plénipotentiaire français prendre part à ses travaux[1]. Mais c’était sa volonté non moins formelle de ne pas laisser la discussion franchir les limites convenues à l’avance ; la plupart des plénipotentiaires avaient reçu, à ce sujet, des instructions très précises de leurs gouvernements, et les bonnes intentions de lord Granville, à l’égard de la France, se trouvèrent, de la sorte, paralysées[2]. La conférence de Londres n’en fut pas moins

    Tours, était parvenu à éveiller les susceptibilités de l’Angleterre en lui faisant craindre que M. Thiers n’eût pris des engagements vis-à-vis de la Russie. Le gouvernement anglais aurait même fait une proposition assez bien accueillie par l’Italie et l’Autriche, et « qui tendait à une véritable médiation entre les parties belligérantes ». M. Thiers, revenu à Tours, aurait « tout fait manquer par son obstination à s’en tenir au système russe ». Ces faits, acceptés par M. Debidour dans son Histoire diplomatique, nous paraissent devoir être accueillis avec réserve.

  1. Ce fut le 16 mars seulement que le duc de Broglie put ratifier, au nom de la France, les actes de la conférence.
  2. Lord Granville avait insinué « qu’à la fin de la conférence, ou même après une de ses séances, le représentant de la France pourrait