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le respect des conditions

morale ne venait modifier l’âpre certitude de ce destin. Et cette donnée morale, c’est l’intervention de ce que nous avons appelé tout à l’heure : la bienfaisance.

Il convient d’écarter de notre vocabulaire les expressions usuelles et qu’on a opposées l’une à l’autre de « charité » et de « solidarité ». C’est ici une petite querelle de mots sur laquelle il ne vaudrait pas de s’attarder : mais à tort ou à raison, l’idée de charité comporte quelque chose d’un peu humiliant : la notion du surplus que le riche abandonne à l’indigent. Et d’autre part, l’idée de solidarité suppose l’existence d’une sorte de droit extrêmement vague sur lequel il est manifeste qu’on cessera d’être d’accord dès qu’on en voudra pousser l’analyse un peu loin. Si notre semblable a le droit de « ne pas mourir de faim » il a le droit à un peu plus que cela. Et où s’arrêtera son droit ?

La bienfaisance est la forme spontanée de l’entr’aide et je n’hésite pas à dire que, dans une démocratie moderne, voilà la seule condition formelle de stabilité et de progrès ; stabilité relative évidemment, progrès relatif aussi. Mais éléments bien supérieurs en tous cas à ce qu’on