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le respect des croyances

est à l’idolâtrie, un peu ce que le catholicisme est au trafic des indulgences. Dans les deux cas, il y a eu déformation. En réalité, le paganisme ne consiste pas en l’adoration de quelques divinités plus ou moins grossières, installées par l’imagination des peuples dans un Olympe de fantaisie. Il ne faut pas non plus l’identifier avec l’institution des augures et le répugnant usage de consulter les entrailles fumantes des victimes. Dans son principe fondamental, le paganisme est exactement le culte de l’humanité, ou mieux le culte de la vie présente. Comme tel, il est indestructible. Sa réapparition périodique est pour ainsi dire un phénomène nécessaire. Il est infaillible, en effet, qu’incité par l’idéalisme religieux à chercher un point d’appui extérieur à son existence actuelle, l’homme n’en vienne à réagir, par moments, contre une semblable impulsion. Il se répète alors ce proverbe bien connu en lequel se reflète le bon sens populaire : un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ; bon sens court, mais difficile à réfuter. L’esprit animal contraint et dominé se rebelle d’autre part et dès que les Églises ont, par leurs exigences, quelque peu lassé l’attention publique et abusé