Ce grand réservoir d’alimentation de la pensée religieuse renferme inévitablement l’idée de mérite et la distille. Et cette idée là, à son tour, contient en germe tout ce qui est nécessaire et suffisant à la formation des Églises. Une Église est un agrégat de gens, qu’unit la communauté d’espérance. La communauté de foi ne s’y trouve guère qu’à l’origine et ne subsiste ensuite qu’en apparence, grâce aux dogmes formulés et aux rites accomplis. Au fond des âmes, dans l’Église la plus unie, existent d’innombrables fissures qui se forment, se ferment, se rouvrent en une sorte de mouvement invisible et perpétuel. Parfois ces fissures agrandies et multipliées deviennent nettement visibles. Ses ennemis déclarent alors que l’Église ainsi atteinte est moribonde ; ils proclament son inévitable déchéance. Un demi-siècle, un siècle passent et l’on crie au miracle en constatant que nulle dissolution ne s’est produite dans ce corps que semble maintenant vivifier un sang nouveau. C’est que l’affaiblissement et les défectuosités étaient tout de surface. Au fond subsistait intacte, vivace, une certaine conception de l’utilisation des mérites (si l’on peut ainsi dire) en vue de la réalisation d’une commune espé-
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le respect des croyances