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la mémoire des muscles

Le principal résultat de l’apprentissage sportif est d’opérer, pour toutes les formes d’exercice physique, le classement musculaire ; il ne faut point le confondre avec l’entraînement.

L’entraînement est une accoutumance dont l’effet est de rendre les muscles plus forts et plus souples, de prolonger par conséquent leur résistance à la fatigue. Mais à quoi cela leur sert-il, s’ils ne connaissent pas leurs devoirs, d’être à même de les bien remplir ? Si la mobilisation n’est pas réglée, s’ils n’ont pas pour ainsi dire leur feuille de route et ne savent pas ce qu’ils ont à faire, que représente la résistance dont ils disposent ?

C’est là le point de vue auquel certains théoriciens de l’éducation physique n’arrivent jamais à se placer. Tandis que le premier venu des sportsmen sait parfaitement que les apprentissages se superposent et ne se confondent jamais, de sorte que la bicyclette ne prépare nullement à l’escrime ni le trapèze au cheval, ils ne réussissent pas à échapper au mirage des mouvements généraux, rationnels, savants, habilement inventés, soit ! — mais n’ayant point de but déterminé et ne répondant dans la vie à aucune nécessité précise.

Or le muscle le plus vigoureux est incapable,