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la mémoire des muscles

titude ou de la faiblesse des muscles auxquels vous avez fait appel ; mais quand même ces muscles-là auraient été à même de répondre à ce que vous désiriez d’eux, ils auraient encore été contrariés dans leur action par la foule de ceux dont vous n’aviez pas besoin et qui, ne connaissant pas leur affaire, se sont crus appelés eux aussi et sont arrivés en grande hâte ; de sorte que, si d’un côté c’est l’insuffisance, c’est de l’autre l’excès de l’effort qui, en pareil cas, fait échouer la manœuvre. Par là s’explique une fatigue si prompte. Nos muscles sont des serviteurs aussi ignorants que bien intentionnés ; volontiers ils font du zèle et leur premier besoin est d’être fortement disciplinés. Représentez-vous, au moment où l’on donne le signal du branle-bas de combat, un navire de guerre dont l’équipage serait entièrement composé de novices. Imaginez les allées et venues, les confusions, les erreurs et tout le désordre qui en résulteraient. Ainsi en est-il du corps humain : les muscles doivent apprendre selon le commandement venu du cerveau, les uns à agir, d’autres à appuyer leurs camarades, d’autres enfin à se tenir tout à fait tranquilles et c’est peut-être là le plus difficile à obtenir.