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la mémoire des muscles

pour que, remis en garde sur la planche ou assis dans un canot les avirons en mains, l’un et l’autre retrouvassent quelque chose des gestes appris et des mouvements enregistrés. La paresse accumulée et surtout la routine de l’existence quotidienne les ont retenus d’en faire l’expérience et de franchir le très léger obstacle que dresse devant eux la sensation d’une ankylose toute de surface.

C’est qu’il existe une mémoire des muscles et que cette mémoire est plus longue qu’on ne pense. Déterminer sa durée a une grande importance afin de fixer les délais par delà lesquels la prescription s’établit au détriment du corps ; il convient de savoir aussi comment elle se forme pour connaître les moyens de la bien entretenir.

La première fois que vous vous livrez à un exercice quel qu’il soit — le piano, par exemple — vous éprouvez combien vous y êtes maladroit ; les mouvements qui paraissent les plus simples, les plus aisés à exécuter rencontrent en vous une résistance inattendue et, si vous persistez, la fatigue, la crispation, l’énervement interviennent à bref délai.

La raideur et la gaucherie qui se révèlent de la sorte peuvent provenir pour une part de l’inap-