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cette seconde Bastille. Ils le découvriront et ils la démoliront. La sagesse nous commande donc de préparer quelque chose à mettre à la place.


ii


Je confesse que je ne croyais pas trouver les éléments de cette reconstruction en Angleterre. Le paquebot qui, il y a bientôt six ans, m’y conduisait pour la première fois, contenait un anglophobe irréfléchi pour lequel je réclame le bénéfice des circonstances atténuantes, eu égard à son extrême jeunesse et à son inexpérience. Au reste, cette anglophobie n’a pas été sans utilité au point de vue des recherches dont je vous présente le résultat. À mesure que se révélait à moi un monde scolaire en contradiction absolue avec tout ce que j’avais été habitué à considérer ici comme la base même de l’éducation, mon incrédulité me portait à chercher la petite bête ; je furetais partout pour la découvrir, désirant y réussir et en même temps le redoutant. La petite bête, je ne l’ai pas trouvée.

Autant nos écoliers ont l’air de s’ennuyer, autant les écoliers britanniques ont l’air de s’amuser : c’est la chose qui frappe en premier lieu. Tout d’abord, on pense que leur gaîté provient en partie du bon air qu’ils respirent. Quand un Français va en Angleterre, il visite un collège et ne manque point de s’extasier ; mais c’est toujours un de ces superbes établissements d’origine antique, d’aspect majestueux, situés à la campagne, entourés de verdure et d’espace libre ; faut-il vous apprendre qu’il y en a dans les villes, en plein Londres, et que là comme ailleurs, dans le brouillard de la grande métropole, sans verdure et sans beaucoup d’espace, les enfants