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de la vocation nationale. La Hollande faisait alors un commerce de transit estimé à un milliard par an. Cromwell chercha d’abord à s’entendre avec elle. Il voulait constituer une sorte de confédération anglo-hollandaise mi-religieuse et mi-commerciale dont, le conseil directeur eut siégé à Londres. Les Hollandais se méfièrent et s’abstinrent. Aussitôt Cromwell décida que les vaisseaux étrangers ne pourraient plus importer en Angleterre que des marchandises originaires de leurs propres pays tandis que, pour les vaisseaux anglais, le commerce serait libre. L’armement anglais prit dès lors une énorme extension tandis que le commerce hollandais périclitait.

En Hollande aussi on venait de passer par une révolution. Depuis qu’en 1579, ce pays s’était soustrait à la domination espagnole, il se composait de sept provinces entre lesquelles toutefois l’union d’Utrecht n’avait su établir que des liens impratiques. Il y avait le duché de Gueldre, ancien fief allemand habité par une noblesse pauvre et batailleuse, les deux comtés maritimes de Hollande et de Zélande très calvinistes, la province d’Utrecht jadis principauté épiscopale, demeurée hiérarchique tout en devenant protestante, la Frise peuplée de marins et de paysans égalitaires, enfin Groningue et Over-yssel terres continentales marécageuses et peu prospères. Depuis 1593 des États-généraux se tenaient à La Haye, composés de députés sans nombre fixe mais où chaque province n’avait qu’une voix. Il y avait aussi un conseil d’État où la petite principauté d’Orange était représentée. Dans chaque province, existaient des « stathouders » sortes de fonctionnaires exécutifs. La réelle valeur des princes d’Orange avait fait converger sur eux plusieurs stathouderats en sorte qu’ils tendaient à devenir de véritables chefs héréditaires de cette singulière république fédérative. Sur leur chemin ils rencontraient l’opposition sourde de la province de Hollande beaucoup plus importante que les autres et qui payait à elle seule plus de la moitié des dépenses générales. Elle avait à sa tête un « conseiller pensionnaire » dont elle tendait à accroître l’autorité. Les stathouders Maurice, Frédéric-Henri (1625-1647) et Guillaume II (1647-1650) furent appuyés par l’armée dont ils étaient les chefs ainsi que par les basses classes et les pasteurs calvinistes ; la bourgeoisie riche de la province de Hollande formait le « parti des États ». Elle était pacifique et poursuivait la réduction de l’armée et la compression des dépenses. C’étaient les intérêts commerciaux qui lui importaient et ils étaient considérables.