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louis xiv et son siècle

convertir au catholicisme et, de ce fait, un rôle nouveau s’offrit à la monarchie prussienne dès son berceau.

Ainsi évoluait le monde germanique. Tandis que, en partie dévastée, désorientée politiquement, avec des indices de morale en baisse et d’intellectualisme diminué, l’Allemagne semblait s’acheminer vers une complète décomposition, les assises d’un avenir meilleur s’édifiaient. Sur elle allait se lever d’ailleurs le génie universel de Leibnitz. En attendant on y parlait français, on copiait les modes de Paris, on s’efforçait à danser des menuets et à tourner des madrigaux, on traçait des jardins inspirés de Versailles et l’on recueillait surtout la recette de l’absolutisme Louis quatorzien.

vi

De 1640 à 1688 l’Angleterre traversa d’étranges péripéties. On y vit s’organiser sous le nom de république le régime le moins républicain que le monde ait jamais connu. Il est vrai que l’étiquette en était corrigée par le titre de lord Protecteur que s’était attribué le fondateur de ladite république. La première moitié du siècle avait été remplie par les règnes également décevants de Jacques Ier (1603-1625) et de Charles Ier. Le fils de Marie Stuart devenu héritier d’Élisabeth s’était montré aussi incohérent que le destin qui l’avait poussé là ; mais tant de médiocres souverains avaient passé sur ce trône britannique sans que la patience populaire s’en fut lassée ! Charles Ier, à défaut de plus d’adresse et de compréhension que son père, était infiniment plus sympathique et quelles qu’aient été la profondeur de ses erreurs et l’injustice de ses décisions, il est certain que la nation libre de le juger ne l’eut jamais condamné et exécuté. Ce fut l’œuvre d’Olivier Cromwell. Il régna neuf ans (1649-1658) aux lieu et place de sa victime ne prenant pas la peine de déguiser son despotisme et infusant à son pays le virus de son inconsciente hypocrisie. Peu d’hommes ont par là, fait plus de mal à l’Angleterre. Mais celle-ci lui sait gré et non sans raison de l’avoir orientée de façon vigoureuse et définitive dans la voie du commerce maritime. Il paraît toujours singulier que la population de ces îles aux rivages découpés ait eu besoin d’y être à tant de reprises incitée pour se confier à la mer. Et pourtant il en fut ainsi. L’« acte de navigation » de 1651 décida