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la guerre de trente ans et la paix de westphalie

santes[1]. Beaucoup de causes secondaires parmi lesquelles les ambitions des petits princes émancipés, leurs budgets endettés, les souffrances matérielles des populations opprimées… contribuaient à préparer une ère de violences.

Les protestants de Bohême précipitèrent le cours des événements. La démolition d’un temple qu’on venait d’ouvrir (1617) et la « défenestration.» de Prague furent le signal de la guerre. Ce n’était pas la première fois que dans ce pays on témoignait ainsi de l’énergie de ses convictions en jetant par la fenêtre ceux qui ne les partageaient pas. L’acte cette fois eut un grand retentissement. La guerre qui débutait allait durer environ trente ans. Des historiens didactiques se sont plus à la découper en périodes dites danoise, suédoise, française, etc… La vérité est plus simple et plus terrible. La guerre de Trente ans mit constamment toute l’Europe en branle. Le duc de Savoie, le roi d’Espagne, le pape, l’Angleterre, la France, le Danemark, la Suède s’en mêlèrent spontanément où s’y trouvèrent mêlés. L’Allemagne d’alors servit de champ clos à d’extraordinaires batailleurs : Mansfeld, Tilly, Bethlen Gabor, Wallenstein Mansfeld était un bâtard, contrefait, arriviste forcené ; Bethlen Gabor, un ivrogne formidable qui réussit à se faire élire prince de Transylvanie et parvint ainsi jusqu’au trône de Hongrie ; Wallenstein (ou Waldstein) un homme d’affaires tout puissant dont on ne saurait dire s’il était plus roué qu’audacieux ou plus audacieux que roué. Ces aventuriers poussèrent leur chance à travers le pillage et le sang, n’ayant point de souci des causes qu’ils servaient ni de pitié pour les ruines qu’ils causaient : ruines effrayantes et qui expliquent le mot de Descartes témoin de ces horreurs : « J’ai bien de la peiner à ranger le métier de la guerre parmi les professions honorables ».

Après la bataille de la Montagne-blanche livrée près de Prague (1620), la Bohême se trouva exposée sans défense à la colère des Habsbourg qui ne lui pardonnaient point d’avoir à plusieurs reprises contrecarré leurs espoirs. Maximilien II, Rodolphe II, Mathias qui s’étaient succédé de 1564 à 1619 n’avaient point eu la possibilité de s’en prendre à elle. Ferdi-

  1. Ce n’est qu’après la publication du célèbre livre de Bossuet, Histoire des variations de l’Église protestante, en 1688, que l’exposé de l’auteur paraissant irréfutable même à beaucoup de réformés, ceux-ci s’accoutumèrent à l’idée d’une unité impossible et furent amenés à considérer cette impossibilité comme la marque de la supériorité individualiste de leur confession.