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henri iv de france ; élisabeth d’angleterre

çais sans se compromettre par une alliance trop avérée avec les Turcs.

Plus discutable est sa politique allemande encore qu’elle s’inspire de principes identiques. Mais dans l’Allemagne d’alors, il est bien difficile de s’immiscer sans aboutir à la guerre. Et c’est à la guerre en effet qu’Henri IV se prépare lorsque le couteau d’un fanatique met fin à ses jours. Que voulait-il ? Inclinait-il sur le tard vers une fâcheuse mégalomanie ? On a fait grand état par la suite d’un plan d’organisation de l’Europe où le confident du roi, Sully, homme réaliste pourtant, semble avoir mis passablement de son imagination. Le besoin d’un remaniement général ne s’imposait point ; par les efforts combinés d’Henri IV et de son ministre, la France était redevenue prospère avec ses dettes en partie remboursées, les impôts diminués, son budget en excédent, ses progrès agricoles et industriels, son commerce étendu au loin. Elle n’avait point de motifs de risquer ses ressources dans une aventure incertaine.

Le règne s’acheva brusquement. Henri IV avait échappé à une quantité d’attentats. Cette fois il n’eut pas le temps de prononcer une parole. Une grande stupeur s’ensuivit. Le monarque défunt laissait le trône à un enfant mineur, Louis XIII, fils de Marie de Médicis avec laquelle il s’était remarié en 1599. La « grosse banquière » comme on l’appelait n’avait pas été pour lui une compagne appréciée ; il est vrai qu’il n’avait cessé de prendre avec la morale des libertés vraiment excessives et qui avaient contribué à lui aliéner des sympathies en même temps qu’à lui créer des embarras car le placement avantageux de ses enfants naturels n’avait pas été sans l’entraîner à de regrettables abus. Le passage d’Henri IV sur le trône de France n’en est pas moins un des moments les plus importants de l’histoire et comme le préambule de l’ère moderne dont se trouvent esquissés dès lors plus d’un trait essentiel : tolérance religieuse, équilibre européen, essor donné aux travaux publics, tendance à protéger le travail national au moyen des droits de douanes Par contre les institutions politiques demeurent dans la même indécision où elles sont depuis cent ans ; et la prolongation d’un tel état de choses n’est pas sans péril. Il va falloir se décider entre le pouvoir personnel absolu et l’appui donné moyennant contrôle par des assemblées régulières. C’est Richelieu qui choisira.