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charles-quint, françois ier et henri viii

François combat en Italie[1] pour s’emparer de son duché-fantôme. Il s’y fait vaincre et prendre à Pavie (1525) dans des conditions qui rappellent le temps des fondateurs de la dynastie Valois, Philippe VI et Jean le bon !

Troisième acte. Le roi emmené à Madrid y est retenu prisonnier. Louise de Savoie est régente. Elle invoque secrètement l’appui des Turcs et non moins secrètement négocie avec Henri VIII. La Turquie est au sommet de sa fortune. Elle a pour sultan celui qu’on appelle Soliman le magnifique (1520-1566) caractère altier qui ne se plait qu’à conquérir mais sait au besoin être généreux et chevaleresque, beaucoup plus lettré et plus ouvert d’esprit d’ailleurs que ses prédécesseurs ou ses successeurs. Il ne changera rien aux destins ottomans car ils sont inchangeables mais par lui la stérilité de la domination turque se recouvre de lustre. La France en profitera. Soliman va la servir d’abord en intensifiant son offensive contre l’Autriche ensuite en consentant aux Français dans ses États des avantages inappréciables dont l’effet se fera sentir à travers les siècles[2]. Soliman n’aime pas Charles-Quint « qui se croit empereur parce qu’il a mis une couronne sur sa tête » tandis que d’après le sultan « l’empire est dans le sabre » et là seulement. Mais il va de soi que cette alliance évidente bien qu’inavouée « entre le croissant et les fleurs de lys » cause un grand scandale dans la chrétienté. Le désastre de Mohacs (1526) où périt le roi Louis de Hongrie place l’Europe en danger. Le roi de France n’en porte-t-il pas la responsabilité ? Or un autre scandale survient à point pour diminuer la portée de celui-là. Charles-Quint irrité de l’hostilité croissante qu’il rencontre en Italie et de la résistance que le pape lui-même (alors Clément VII) oppose à ses desseins laisse

  1. C’est au cours de cette campagne que fut tué l’illustre Bayard, le « chevalier sans peur et sans reproche ». Déposé mourant au pied d’un arbre, il vit venir à lui le traître Bourbon qui s’apitoya sur son sort. « Je ne suis point à plaindre, lui dit Bayard, car je meurs en homme de bien, mais j’ai pitié de vous qui combattez contre votre roi, votre patrie et votre serment ».
  2. Les « capitulations » accordèrent aux Français dans tout l’empire ottoman une situation privilégiée, une entière liberté de navigation et de commerce moyennant un droit fixe de cinq pour cent, la juridiction civile et criminelle de leurs propres consuls, une sorte de protectorat sur la Terre-sainte et sur les chrétiens d’orient, etc… Aucun peuple occidental ne jouissant de pareils avantages, on vit souvent les navires des autres pays être obligés de trafiquer sous pavillon français.