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charles-quint, françois ier et henri viii

s’il vient en ennemi ou en protecteur ; des troupes qu’on lui oppose çà et là font défection ; il entre à Naples, y séjourne emmy fêtes et tournois se demandant s’il n’ira pas jusqu’à Constantinople chercher un empire. Pendant ce temps l’Italie se coalise derrière lui. Il faut revenir. Charles laisse à Naples un vice-roi tout désigné par son activité car, raconte Commines, « il ne se levait qu’il ne fut midi ». Au pied des Apennins on rencontre cette fois une armée décidée à la résistance. C’est la bataille de Fornoue de l’issue de laquelle les historiens peuvent disserter : victoire parce que le roi a passé ; défaite car il rentre bredouille.

Le duc d’Orléans devenu Louis XII est peut-être plus coupable que son cousin pour s’obstiner en pareille affaire et même l’aggraver car, en plus du royaume de Naples sitôt reperdu qu’occupé ne s’avise-t-il pas qu’il a des droits sur le duché de Milan de par sa grand-mère Valentine Visconti. De grands efforts cette fois sont nécessaires. Or Louis XII est un homme mûr, réputé sage et de tous points supérieur à son prédécesseur. Le peuple qui se souvient de sa bonté personnelle et de l’heureuse prospérité agricole dont on se trouve jouir sous son sceptre l’en paie par sa gratitude. La critique, elle, n’aperçoit que ce misérable traité de Blois (1504) par lequel Louis XII découragé renonce à Naples mais, têtu quant au Milanais, en obtient de l’empereur Maximilien une investiture régulière moyennant que sa fille Claude qui devra épouser Charles d’Autriche lui apportera en dot la Bretagne[1], Blois et la Bourgogne. Deux nouvelles provinces à ajouter à celles déjà sacrifiées par Charles VIII ! Heureusement la France veille. Les États de Tours déclarent inaliénables Bretagne et Bourgogne. Claude épousera son cousin François, héritier du trône.

Tels sont les antécédents qui agissent sur ce même François devenu roi (1515). Le traité de Blois n’a pas eu de suites mais de par la folie belliqueuse du pape Jules II, la guerre a repris en Italie peu après et Louis XII n’a pas eu la sagesse de s’en tenir éloigné. Depuis cinq ans la péninsule est à feu et à sang. Jules II disparaît et aussitôt, oubliant ses violences on honore en lui un champion de l’indépendance italienne. Les Français ont reperdu même le Milanais. François vainqueur à Marignan rencontre à Bologne le nouveau pape, un Médicis, Léon X. Sera-ce la paix ? Non car François s’est mis en tête de devenir

  1. Anne de Bretagne héritière du duché ayant épouse Charles VIII, cette province avait fait retour à la couronne.