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moins son fils Philippe auquel il voulait laisser l’Espagne et les Pays-Bas.

En Angleterre deux figures encadrent celle du roi, le cardinal Wolsey et Thomas Cromwell, favoris successifs presque également cyniques dans leur aisance à mêler le spirituel et le temporel et à sacrifier toute justice aux caprices de leur maître. Wolsey était fils d’un riche bourgeois de Norwich ; sa carrière ecclésiastique s’annonçait modeste quand Henri VIII s’étant entiché de lui le fit à la fois chancelier et archevêque d’York. Prélat mondain et fastueux mais peu instruit, il se créa beaucoup d’ennemis par ses façons hautaines et se complut dans toutes les intrigues susceptibles de le conduire à la papauté. Lorsque Léon X mourut, il eut l’impudence en posant sa candidature de promettre publiquement de fortes sommes aux membres du Sacré-collège. Après sa disgrâce en 1530, Thomas Cromwell qui avait été receveur des revenus du cardinal le remplaça dans la faveur royale. C’était un homme rude et retors qui avait fait tous les métiers : soldat, commis en Italie et en Flandre, fabricant de draps Sûrement il ne s’était pas attendu à finir dans la peau d’un « vicaire général du chef suprême de l’Église anglicane »

Connaissant maintenant les personnages, analysons rapidement le drame. L’action s’engage en Italie d’où François Ier à peine couronné prétend rapporter des lauriers. Sa jeunesse n’est pas la seule circonstance atténuante dont il doive bénéficier. L’aventure italienne a été engagée par ses prédécesseurs Charles VIII (1483-1498) et Louis XII (1498-1515). Elle dure depuis vingt et un ans. Charles VIII, pauvre sire, a eu la tête tournée en se voyant léguer des droits d’ailleurs théoriques sur le royaume de Naples. Et le voilà parti en 1494, à la tête d’une armée de « meschants garnements, échappés de la justice » dit Brantôme et qu’il a fallu équiper tant bien que mal. Mais il y a pire. Il a fallu aussi s’assurer la neutralité des voisins. À l’Angleterre on a donc payé tribut (traité d’Étaples, novembre 1492) ; à l’Espagne, on a rétrocédé la Cerdagne et le Roussillon (traité de Narbonne, janvier 1493) ; à l’empereur allemand, on a rendu l’Artois, la Franche-comté et le Charolais (traité de Senlis, mai 1493). Moyennant quoi il sera loisible au roi de France d’aller parader d’une ville d’Italie à l’autre sans qu’on sache au juste