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l’unité du monde et le progrès humain

térieures ainsi que ses facultés d’adaptation et sa plasticité ; celles qui concernent le travail ont tantôt amélioré et tantôt empiré les conditions dans lesquelles il s’y adonnait. Quant aux transports, il est résulté de leur progression un élément nouveau, la vitesse. Depuis cent ans, elle n’a cessé de croître engendrant à son tour le besoin de vitesse lequel n’affecte pas seulement la vie physique mais aussi la vie mentale et sociale. Une agitation qui menace d’être inféconde s’est établie. Il se peut que par l’éducation, l’humanité parvienne à ne retenir de cette agitation que ce qui serait nécessaire à une production suffisamment intensive, le domaine de la pensée désintéressée y demeurant soustrait. Peut-être de grandes nouveautés surgiront-elles dans cette direction ; le problème n’ayant pas été sérieusement étudié jusqu’ici, demeure entier. Pour l’aborder avec chance de succès, il faudrait renouveler d’abord l’idéal et les méthodes pédagogiques ; il faudrait aussi le concours d’un état social plus stable sinon plus uniforme et n’autorisant pas de si brusques et si grands écarts dans la situation de chacun.

Par rapport à son caractère c’est-à-dire à sa force de contrôle sur lui-même, à son action sur ses semblables, à sa résistance en face des circonstances adverses, l’homme civilisé est-il voué comme on l’a dit à une déchéance obligatoire ? Si la mode n’était passée de composer des « parallèles » entre tel ou tel de ceux qui marquèrent dans l’histoire, on constaterait par ce procédé que les indices de valeur n’ont fléchi ni en ce qui concerne le courage militaire ou civique ni en ce qui concerne la décision, la persévérance ou l’endurance volontaires.

Reste l’intellectualisme. Pour la commodité de notre recherche, considérons l’être humain du point de vue intellectuel comme une usine divisée en trois départements : connaissances, entendement, imagination créatrice. Le premier, dirait-on, a charge d’amasser les matériaux, le second de les classer et de les répartir, le troisième d’en tirer la substance nécessaire à l’invention personnelle. Ce dernier point peut prêter à discussion, certains tenant l’imagination créatrice pour une faculté en quelque sorte autonome. À l’origine pourtant on ne se la représente pas fonctionnant sans aucune donnée acquise ni entraî-