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offices anglicans devenus de plus en plus secs et vulgaires. Telle fut l’origine du « ritualisme ». L’erreur pour beaucoup fut d’y voir un acheminement obligatoire vers la rentrée au giron romain. Au début d’assez nombreuses conversions entretinrent les catholiques dans l’illusion à cet égard tandis qu’elles provoquaient de la part de l’orthodoxie protestante — ou plutôt des intérêts matériels auxquels celle-ci servait de paravent — des hostilités maladroites. Le ritualisme en sortit fortifié. Dès lors il se répandit et se fixa. Il avait pour lui le Common prayer book dont le texte comporte une liturgie abondante ; surtout il répondait aux besoins d’une nation dont on était mal venu à penser qu’aimant le faste des cérémonies civiles les plus désuètes, elle put se contenter longtemps d’une religion sans gestes et sans décor. Pour obtenir satisfaction sur ce point, l’opinion anglaise ne se trouvait nullement obligée de renoncer, en se ralliant au Vatican, à l’insularisme ecclésiastique. D’autres communautés chrétiennes avaient déjà su réaliser l’autonomie des Églises nationales sans rompre l’unité des formes. C’est pourquoi il était probable que si un rapprochement ultérieur venait à se dessiner, ce serait plutôt au profit de l’Église orthodoxe grecque. La chose s’est avérée au début du xxme siècle et pour n’être pas codifiée, l’entente entre l’Église anglicane, l’Église épiscopalienne (qui en est la réplique américaine) et l’Église grecque n’en est pas moins vivace aujourd’hui.

Un troisième élément rénovateur — le moins aperçu bien que de beaucoup le plus conséquent — transforma le collège anglais et par là fit prédominer d’abord dans les colonies et ensuite dans le monde entier un principe nouveau en matière d’éducation. Si les historiens négligent d’attribuer à ce facteur une part suffisante dans leurs investigations, c’est que les doctrines pédagogiques d’une époque se trouvent rarement résumées en préceptes précis. Ainsi en allait-il au temps dont nous parlons. Sur le continent prédominait la tendance à envisager l’éducation comme une chirurgie destinée à éliminer violemment les mauvais germes. Cette tendance postérieure au moyen-âge s’était plutôt accentuée récemment par réaction pratique contre les suggestions de Jean Jacques Rousseau. En Angleterre on tenait pour la non-intervention par crainte d’émasculer les énergies en les voulant ordonner ; on s’en remettait pour cela aux rudes contacts de la vie scolaire qui participait pleinement de la grossièreté ambiante. La puissante originalité de la réforme entreprise par Thomas Arnold fut d’introduire au sein de l’école la notion que seul l’adolescent peut