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éclater en 1837 ; dans les rangs canadiens l’idée gagna dès lors du terrain d’une annexion possible de la province de Québec à la république des États-Unis.

Si l’Australie échappait au danger des disputes ethniques et confessionnelles, d’autres problèmes l’agitaient. Grande comme les trois quarts de l’Europe, mais en majeure partie désertique et inutilisable, peuplée d’un demi million de noirs à peu près réfractaires à toute culture, elle n’était guère faite pour attirer les colons. Cependant quelques uns s’y hasardèrent les dernières années du xviiime siècle et y introduisirent des moutons sud-africains dont l’élevage prospéra aussitôt. Dix ans plutôt un premier convoi de forçats avait atterri sur l’emplacement de Sydney. L’Angleterre ne pouvant plus déporter ses condamnés dans l’Amérique du nord se proposait de les diriger désormais sur l’Australie et son annexe la Tasmanie. Mais les moutons l’emportèrent. En 1839 ils dépassaient le million et leurs éleveurs, les « squatters » commençaient à parler haut, réclamant un sol libre et une administration autonome. Il fallut supprimer la déportation (1840) et bientôt accorder des institutions représentatives. La première assemblée de la Nouvelle-Galles du sud se réunit à Sydney en 1842.

À la pointe méridionale de l’Afrique, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales avait créé vers le milieu du xviime siècle une relâche pour ses bateaux. Des Hollandais y étaient venus s’établir bientôt rejoints par des huguenots français. C’étaient là les ancêtres des « Boers ». Lorsque, cent cinquante ans plus tard, au cours des guerres napoléoniennes, le gouvernement britannique avait fait occuper le Cap, il s’y trouvait de nombreux habitants d’origine européenne avec lesquels ses premiers représentants entrèrent vite en conflit. Les dirigeants de la Compagnie néerlandaise avaient déjà, par leur tyrannie, provoqué plusieurs révoltes ; les Anglais n’agirent pas avec plus de douceur ni leurs missionnaires avec moins de maladresse. Les « Boers » commencèrent de monter vers le nord (1825). Ces paysans vigoureux et simplistes tenaient moins à leurs terres qu’à une complète indépendance. Ils voulaient vivre répartis sur de grands espaces où, dit-on, chacun d’eux appréciait que, de sa maison de ferme « on ne put apercevoir la fumée du voisin ». Après 1835 ce fut le grand exode ; mille charriots passèrent le fleuve Orange puis, plus tard, le Vaal affluent de l’Orange. Cette invasion s’étendit jusqu’au Limpopo. Mais les communautés conservatrices et terriennes qui s’organisèrent là ne pouvaient