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qu’alors qu’avec une sorte de dédain mêlé d’effroi. Au même moment la Louisiane avait été vendue aux États-Unis par Bonaparte (1803). Se l’étant fait restituer par l’Espagne[1] et ne jugeant pas pouvoir la conserver utilement, il voulait éviter avant tout qu’elle ne tombât aux mains des Anglais. À noter que la constitution américaine ne prévoyait pas les agrandissements territoriaux. Jefferson, alors président hésita puis signa le marché. Qu’était la Louisiane ? Personne ne savait au juste ; simple province sise aux bouches du Mississippi ou bien territoire immense atteignant les Montagnes rocheuses ?… La génération nouvelle se prononçait pour cette seconde hypothèse. Aux États récemment créés d’autres s’adjoignaient : l’Indiana, le Mississippi, l’Illinois, l’Alabama. Là se développait un idéal purement américain, nourri par la perspective d’agrandissements indéfinis. Une démocratie à la fois belliqueuse et égalitaire, dédaigneuse de l’Europe, aimant le risque et parlant haut s’approchait du pouvoir. Lorsqu’elle s’en empara par l’élection à la présidence d’Andrew Jackson (1829)[2] elle faisait déjà depuis longtemps sentir son action. C’est cette démocratie impérialiste qui avait poussé à une seconde guerre contre l’Angleterre[3] et cherché à provoquer l’annexion du Canada ; c’est elle qui suscita la république du Texas et, dix ans plus tard, son absorption par l’Union ; elle enfin qui déclancha le conflit armé avec le Mexique. La prise de Mexico par les soldats américains (1847) la ravit d’aise et le traité de Guadalupe Hidalgo signé l’année suivante combla ses vœux. Ce traité — un des plus considérables de l’histoire quant aux stipulations territoriales qu’il renfermait — cédait aux États-Unis la Californie, le Nouveau Mexique, l’Arizona et la région

  1. Elle avait été cédée par la France au roi d’Espagne en 1763. La domination espagnole y fut sans portée. La France la recouvra en 1800.
  2. Andrew Jackson, était un self made man dans toute l’acception du terme ; il s’était acquis une renommée militaire en même temps que la réputation d’un homme politique énergique et honnête. Mais, candidat des populistes, il dut se plier en arrivant au pouvoir aux exigences de ses électeurs. De là date la « rotation des offices », c’est-à-dire le renouvellement de chaque fonctionnaire, petit ou grand, à chaque présidence nouvelle.
  3. L’Angleterre par ses mauvais procédés avait tout fait pour la rendre inévitable, il faut le reconnaître. Elle éclata en 1812 et dura deux ans. La ville de Washington fut prise et le capitole incendié mais les Anglais essuyèrent ensuite des revers importants. Une sorte de paix blanche intervint.